Hunter x Hunter : Un shônen légendaire
Ce n’est pas être excessivement élogieux que d’accoler les termes « Hunter x Hunter » (HxH) et « Légende », car cela revient simplement à relever un état de fait incontestable. Le paysage manga se noie sous les œuvres multiples qui séduisent ou qui indiffèrent. Mais au milieu des effets de mode et des shônens conventionnels, surgissent parfois – même rarement – des pépites de manga. HxH est ce joyau scintillant au milieu d’un océan de shônens qui peinent à renouveler leur registre et, ce bijou de manga, nous le devons à Yoshihiro Togashi.
Un mot sur l’auteur de Hunter x Hunter
Yoshihiro Togashi a commencé sa carrière au Shônen Weekly Jump, le plus grand magazine de parution de shônens au Japon avec une première œuvre peu remarquée qui s’intitulait Tende Shôwaru Kyuppido. Il s’agissait alors d’une comédie romantique qui n’avait pas vraiment marqué les esprits. Puis, en 1990, il embraya avec son premier succès – et pas des moindres – intitulé Yu Yu Hakushô. Le manga aura connu une telle notoriété qu’il rivalisait en terme de popularité au Japon avec les inénarrables Slam Dunk et Dragon Ball.
Après une pause de 4 ans, éreinté qu’il était par l’écriture et le dessin de son manga, l’auteur revînt à la charge en 1998 avec Hunter x Hunter. Une histoire qui aura contribué à révolutionner le shônen nekketsu sans jamais trahir son registre.
En quoi Hunter x Hunter a révolutionné le paysage Shônen
Un shônen nekketsu est un manga généralement destiné aux garçons de plus de douze ans où le protagoniste principal évolue dans la trame en gagnant peu à peu en puissance jusqu’à vaincre plus puissant que lui. Il s’agit généralement d’un personnage innocent et sympathique combattant le mal au nom de la Justice.
Mais Hunter x Hunter, tout en respectant ce postulat, tord les codes du nekketsu pour les remanier à sa sauce. Autrement plus sombre que peut l’être le shônen moyen, Hunter x Hunter se veut plus ambiguë sur le plan moral. Gon, le personnage principal, n’a aucune notion du bien et du mal. Allant jusqu’à même menacer une innocente de mort afin de pouvoir assouvir une vengeance immature.
La question du bien et du mal, en effet, est autrement plus complexe dès lors où l’on effeuille les tomes de HxH.
Le Nen, centre névralgique de Hunter x Hunter
Hunter x Hunter est un manga aux mille attraits. L’un d’eux en particulier tient à son système de pouvoirs. Le Nen est réputé comme l’un des systèmes d’énergie « magique » les plus développés et complet au monde, toutes fictions confondues.
Très complexe dans ce qui se rapporte aux détails, le Nen permet de doter chaque personnages de pouvoirs équilibrés et ingénieux. Les combats reposent non pas sur la force brute des protagonistes mais sur l’astuce et le juste emploi de leurs pouvoirs. Jamais les affrontements n’auront été à la fois aussi haletants et savoureux pour ceux qui en furent les heureux spectateurs.
Le Nen permet ainsi d’éviter les effets « Deus ex Machina » injustifiés et se multipliant à l’envi dans les shônens au point de lasser leurs lecteurs. Tout y est justement conditionné. Chaque gain de puissance pour un pouvoir en particulier se traduira par un contrecoup aussi contraignant que le pouvoir en question sera efficace. Avec un sens de la mesure et une imagination aussi débordante, Yoshihiro Togashi peut alors promettre à ses lecteurs des affrontements au sommet mêlant l’intelligence au sens de l’épique.
Des personnages travaillés et nombreux
En plus du Nen, Hunter x Hunter doit sa notoriété à ses personnages. Là où les personnages de shônens sont généralement très plats et archétypiques, HxH se veut autrement plus mature. Sa trame est d’autant plus approfondie et noire que ses personnages sont développés et subtils et cela, jusqu’au moindre détail de leur personnalité.
Le manga foisonne de personnages secondaires capables de dévoiler plus de personnalité en quelques cases que des personnages de mangas classiques en plusieurs tomes. Chaque personnage a sa place, son rôle ainsi qu’une riche personnalité à même de le rendre plus humain et authentique. À bien des égards, HxH est un roman noir traduit en manga ; un manga où l’imagination est reine.
Hunter x Hunter en manga ou en anime ?
Hunter x Hunter, publié pour la première fois en 1998, a bénéficié de deux versions animées. L’une d’elle datant de 1999 et une autre, plus tardive, datant de 2011. La version de 1999 restituait à merveille l’aspect sombre et pesant d’un manga où la mort et les drames personnels y sont légions.
La version animée de 2011, plus performante sur le plan technique avec une animation plus récente, souffre néanmoins de certaines carences. En effet, la censure y est légion car la violence est omniprésente. Qui plus est, les couleurs vives et les visages lisses tendent à dénaturer l’aspect plus brut et oppressant d’un manga qui ne se veut décidément pas léger.
À ces deux versions animées, chacun voudra leur privilégier le manga édité en France par kana. Le trait de Yoshihiro Togashi est intranscriptible en animation tant il est original. Son coup de crayon alterne entre la merveille et la noirceur accablante d’un pinceau à même de restituer des sentiments mieux que ne le feraient des mots. Le sens du détail y est aussi on ne peut plus appréciable et celui-ci, alors, est garanti sans aucune censure.
Une suite tant attendue
Bien qu’ayant commencé à paraître il y a plus de 20 ans déjà, le manga continue à paraître, indépendamment du fait que son adaptation animée se soit terminée. Cependant, le manga connaît de très nombreuses pauses du fait de la santé de l’auteur.
Yoshihiro Togashi, depuis l’époque où il dessinait Yu Yu Hakushô, souffrait de problèmes de dos. Ceux-ci se sont aggravés au fil des années au point de nécessiter de nombreuses opérations de chirurgie.
Cela fait plus de deux ans que le mangaka n’a pas publié de nouveau chapitre. L’auteur reste alors très secret sur sa condition. Mais il avait annoncé qu’en dépit de la douleur, celui-ci viendrait au terme de son manga. Reste alors à savoir s’il pourra le faire en tant que dessinateur ou s’il devra faire appel à un autre que lui pour porter son scénario sur papier.
À ce jour, on ne peut que rester dans l’expectative et lui souhaiter un prompt rétablissement.
